Depuis plus de trois décennies, le Cameroun s’est doté d’une stratégie nationale d’éducation de la population à la parenté responsable, à la suite des résolutions adoptées par la Commission Nationale sur la Population lors de sa toute première rencontre tenue le 06 novembre 1985. Cette Stratégie comptait quatre composantes parmi lesquelles l’éducation à la vie familiale. Plusieurs actions ont été menées dans le cadre de l’implémentation de ladite Stratégie, dont la mise en place d’un programme d’éducation prénuptiale, conjugale et parentale comportant un volet relatif à la promotion et la protection des droits de l’enfant. Cependant force est de constater que malgré ces multiples actions, la situation de la famille camerounaise ne s’est pas assez améliorée. Les conflits familiaux demeurent récurrents, notamment en ce qui concerne les relations entre les parents et les enfants.
Les parents ont de plus en plus du mal à éduquer leurs enfants, soit par ignorance, soit par leur incapacité à s’adapter aux effets pervers du modernisme, soit tout simplement du fait de leur démission. Les enfants quant à eux n’adhèrent plus aux directives des parents et entrent facilement en conflit avec ceux-ci, pour affirmer leur personnalité et leur indépendance.
La crise centrafricaine dans les Régions de l’Est et de l’Adamaoua, les exactions de la secte Boko Haram dans la Région de l’Extrême-nord ainsi que l’enlisement de la crise sociopolitique dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest viennent aggraver la situation. Ces différentes crises ont entrainé la désorganisation du tissu social, exacerbant les violations des droits de l’homme, les phénomènes tels que la consommation abusive de l’alcool, des drogues et des stupéfiants, la colère et les violences de toutes sortes, les fugues, les mariages d’enfants, etc. En outre, les dysfonctionnements des services sociaux de base ne permettent pas toujours d’apporter des réponses appropriées aux besoins des enfants victimes de violences et abus, qui ont droit à une prise en charge holistique.
Par ailleurs, la crise sanitaire actuelle liée au COVID-19 a contribué à augmenter les cas de violences domestiques et autres abus, en particulier envers les femmes et les enfants, accentuant ainsi leur vulnérabilité.
Il est donc important pour ramener l’harmonie au sein des familles et garantir le plein épanouissement des enfants ainsi que la pleine jouissance par ceux-ci de leurs droits, de renforcer les capacités des parents ainsi que des futurs parents sur la pratique d’une parentalité positive qui met plus spécifiquement un accent sur la bonne gestion par les parents des situations difficiles auxquelles ils sont souvent confrontés dans l’éducation de leurs enfants.
La Parentalité positive c’est l’ensemble d’outils qui permettent aux parents de mieux assurer le bien-être (physique, psychologique et émotionnel) de l’enfant et donc de le préparer à devenir un adulte conscient, responsable, bien dans sa peau et à l’aise dans ses relations sociales et affectives. C’est un Style d’éducation qui se trouve au juste milieu entre le style d’éducation autoritaire et le style d’éducation laxiste. Celui-ci a pour but d’instaurer une relation positive avec son enfant et l’accompagner dans son épanouissement.
Le Programme de Parentalité Positive a pour objectif de renforcer les capacités des parents, des familles et des communautés sur les droits de l’enfant dans tous les domaines de la vie, la prévention des violences, l’exploitation, la discrimination, les abus et négligence envers les enfants, y compris en contexte de COVID-19. Il aide les parents à comprendre, à s’adapter et à prendre en compte le nouvel environnement dans lequel naissent les enfants, afin de leur assurer un meilleur encadrement.
Le programme est constitué de 9 modules à savoir :
- la perception de l’enfance ;
- le rôle des familles et des communautés dans le bien-être de l’enfant ;
- le développement de l’enfant dès les 1000 premiers jours de sa vie ;
- prendre soin de soi pour prendre soin des autres ;
- communiquer avec les enfants selon leur âge ;
- la discipline positive ;
- la Planification des ressources et priorisation des besoins de l’enfant ;
- accompagner son enfant à affronter les défis de l’adolescence.
Les outils du programme ont été élaborés. Il s’agit du Document d’Orientation et du Guide du Facilitateur. Dans les prochains mois, le personnel de terrain du MINPROFF, du MINAS et du MINJEC va s’imprégner du Programme en vue de son implémentation au sein des familles et des communautés.