Entrepreneuriat féminin
Introduction
- Un cadre institutionnel de promotion de l’Entrepreneuriat Féminin
2. L’éducation et la formation professionnelle des femmes
3. Le soutien multiforme aux femmes chefs d’entreprises
4. Autres actions de soutien aux efforts de lutte contre la féminisation de la pauvreté
- Au Cameroun, les femmes constituent un potentiel et une force de travail relativement importants ; plus de la moitié de la population (50,5%).
- Elles assurent la quasi-totalité de la production vivrière destinée à nourrir de nombreuses populations dans les zones urbaines.
- De nombreuses activités génératrices de revenus et de multiples projets réalisés par les femmes participent à l’accroissement de la richesse nationale du pays, tout en créant des emplois qui contribuent à l’épanouissement de la femme et de la famille.
- Malgré ce dynamisme avéré, la situation économique de la femme reste assez précaire du fait de :
- La législation peu favorable en matière de droit de propriété et de certaines pratiques culturelles discriminatoires ;
- Difficultés d’accès aux mécanismes financiers classiques ;
- Accès limité aux informations appropriées et aux réseaux d’entrepreneurs ;
- Surcharge des tâches ménagères et des responsabilités familiales.
A ces problèmes structurels s’ajoutent les problèmes liés à son statut de femme.
En effet, dans une société traditionnellement patriarcale, l’image d’une femme leader s’accompagne encore de préjugés qui sont d’obstacles à l’éclosion de son entreprise.
Dans le but de donner à la femme entrepreneur les mêmes chances de réussite que les hommes, le Gouvernement a opté pour une action articulée autour de trois axes :
- la définition d’un cadre institutionnel de promotion de l’entrepreneuriat féminin ;
- l’éducation et la formation professionnelle des femmes ;
- le soutien multiforme aux femmes chefs d’entreprises.
En décembre 2004, un Ministère chargé de la Promotion de la Femme et de la Famille a été créé. Sa mission consiste en l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des mesures relatives au respect des droits de la femme. A ce titre, il veille :
- à la disparition de toutes discriminations à l’égard de la femme ;
- à l’accroissement de garanties d’égalité à l’égard de la femme dans les domaines politique, économique, social et culturel.
- La promotion de la femme correspond à la réduction de la pauvreté en milieu féminin, au renforcement des capacités de la femme, à l’amélioration de ses conditions de vie, à la promotion de ses droits et de ses devoirs et à la garantie de l’équité entre l’homme et la femme par la vulgarisation de l’approche dans tous les domaines de la vie.
A cet effet, de nombreuses actions sont entreprises par le Gouvernement afin de permettre aux femmes chefs d’entreprises de contribuer, à travers le financement de leurs activités, au développement du Cameroun. On peut citer:
- ELABORATION DE LA POLITIQUE NATIONALE DE L’ENTREPRENEURIAT FEMININ:
- Le Gouvernement du Cameroun a signé en octobre 2014, le Programme Pays pour le Travail Décent (PPTD) afin de promouvoir le travail décent pour tous. Ce dernier regroupe le Gouvernement, les organisations d’employeurs et de travailleurs et les partenaires techniques et financiers dont le chef de file est l’OIT.
- C’est au niveau de la Priorité 1: « Accroissement des opportunités d’emplois décents et promotion des Activités Génératrices de Revenus (AGR) notamment pour les femmes, les jeunes et les groupes vulnérables » que la mise en œuvre du Plan d’Action National pour le Développement de l’Entrepreneuriat Féminin (PANDEF) élaboré par le BIT et figurant dans le PPTD a été planifiée. Il s’agit ici de « Promouvoir une nouvelle génération de femmes chefs d’entreprises plus dynamiques et plus nombreuses, capables de gérer des entreprises durables pour des emplois décents favorables à la croissance, afin de sortir de la pauvreté ».
ELABORATION DU PROGRAMME D’APPUI A LA PROMOTION DE L’ENTREPRENEURIAT FEMININ(PAPEF):
Le Ministère des Finances en collaboration avec tous les acteurs du secteur a élaboré un Document de stratégie nationale de la finance inclusive adoptée en 2013, dans le but de réduire la pauvreté de manière significative et durable à travers une offre de services financiers et bancaires de base à faible coût pour des consommateurs en difficultés et exclus des services financiers traditionnels, surtout les femmes et les jeunes, leur permettant ainsi d’améliorer leurs conditions de travail à travers l’accès au financement de leurs activités.
C’est ainsi que le MINPROFF a élaboré un projet pour l’amélioration de l’accès des femmes aux services financiers car, au Cameroun, plus de 92 % des femmes camerounaises œuvrent dans le secteur informel. Elles ont par conséquent besoin d’un accompagnement spécifique
Il s’agit du Programme d’Appui à la Promotion de l’Entrepreneuriat Féminin (PAPEF), mécanisme de financement des Activités Génératrices de Revenus (AGR) des femmes
MISE EN ŒUVRE DU PROJET GENRE ET AUTONOMISATION ECONOMIQUE DES FEMMES (PGAEF) dans le Programme d’appui au secteur des transports, phase I : Aménagement de la route BATCHENGA – NTUI – YOKO – LENA
Ce programme prend en compte la problématique de la croissance inclusive par la mise en œuvre d’un important projet de développement économique et social de la zone d’influence du projet, à travers des activités connexes comprenant l’aménagement de pistes rurales, gares routières, hangars de marchés et activités spécifiques au profit des femmes et des jeunes.
CONNEXION DES CPFF A L’INTERNET
Une convention de partenariat entre le MINPOSTEL et le MINPROFF, en vue de la connexion des différents CPFF du territoire camerounais a été signée le 31 juillet 2015. Elle vise à faciliter pour les apprenants de ces structures et leur entourage l’accès à l’information sur les actions gouvernementales et les opportunités économiques, d’échanger sur les savoirs, les savoir-faire et savoir-être du monde moderne, de se divertir et de ce fait, d’améliorer leurs conditions de vie.
LA MISE EN PLACE DES MAISONS DIGITALES
Les Maisons Digitales sont des salles numériques disposant des ordinateurs, des tables, des serveurs, permettant de former les femmes à la maitrise de l’outil informatique, afin de l’utiliser dans la gestion des Activités Génératrices de Revenus (AGR). Il s’agit de réduire l’inégal accès aux TIC et de permettre à un maximum de femmes de s’arrimer à l’économie numérique. Ce projet est encadré au Cameroun par une Convention signée entre le MINPROFF et ORANGE-Cameroun.
CENTRAL AFRICAN BACKBONE (CAB)
L’arrivée du projet Central African Backbone (CAB) vise à doter les CPFF placés le long des projets routiers financés par la BAD des TCP (Télécentres Communautaires Polyvalents) parleurs équipements en matériels informatiques, en énergie solaire et l’appui à la conception, la mise en œuvre des programmes de formation (TIC, Entreprenariat etc…, et suivi/évaluation du projet. Au niveau national, ce projet est coordonné par le MINPOSTEL et financé par la BAD. Il va certainement améliorer l’offre de service dans les CPFF figurant dans les axes routiers concernés
LE PROJET 5BY20
Ce concept est le fruit du partenariat MINPROFF-ONU-femmes-Coca-Cola. L’initiative a pour objectif d’accompagner plus de 5 millions de femmes chefs d’entreprises d’ici 2020.
Dans sa phase pilote, les promoteurs prévoient de former 1000 femmes issues des couches vulnérables et sans emploi d’ici décembre 2017 et d’autonomiser de 5000 femmes à l’horizon 2020 à travers tout le pays.
Des femmes sont formées en gestion financière, avec à la clé, des attestations et des kits des produits Coca-Cola, en vue de la promotion de l’auto emploi.
LE PROJET 5BY20
Ce concept est le fruit du partenariat MINPROFF-ONU-femmes-Coca-Cola. L’initiative a pour objectif d’accompagner plus de 5 millions de femmes chefs d’entreprises d’ici 2020.
Dans sa phase pilote, les promoteurs prévoient de former 1000 femmes issues des couches vulnérables et sans emploi d’ici décembre 2017 et d’autonomiser de 5000 femmes à l’horizon 2020 à travers tout le pays.
Des femmes sont formées en gestion financière, avec à la clé, des attestations et des kits des produits Coca-Cola, en vue de la promotion de l’auto emploi.
En plus de ce département ministériel dont les missions sont spécifiques à l’égard de la femme, plusieurs autres ministères et institutions ont également un volet entrepreneurial où les femmes ne sont pas exclues. Il s’agit :
- du Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Economie Sociale et de l’Artisanat (MINPMEESA) qui met en œuvre la politique nationale de développement de ce secteur ;
- du Ministère de l’Industrie, des Mines et du Développement Technologique (MINIMIDT) dont l’appui porte sur l’assistance, le conseil, le suivi et l’encadrement des promoteurs ;
- du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (MINADER) qui apporte des appuis techniques aux activités agricoles des femmes ;
- du Ministère du Commerce (MINCOMMERCE) qui assiste les femmes dans l’organisation des voyages d’échanges et des exportations et importations ;
- du Ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales (MINEPIA) qui encadre les producteurs de protéines animales et pour booster cette production ;
- du Ministère de la Forêt et de la Faune (MINFOF) qui implique les femmes dans l’exploitation forestière tout en faisant ressortir leur contribution dans la gestion durable des forêts ;
- du Ministère de l’Industrie, des Mines et du Développement Technologique (MINIMIDT) qui encadre les femmes dans l’exploitation minière ;
- du Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP) à travers le programme de vulgarisation des foyers améliorés ;
- de la Chambre de Commerce, de l’Industrie, des Mines et de l’Artisanat et de la Société Nationale d’Investissement (SNI) qui accompagnent les entrepreneurs dans leur mission ;
- des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) à l’instar du BIT qui a financé une étude sur la mise en place du Programme d’Appui à la Promotion Economique de la Femme (PAPEF) et élaboré le Plan d’Action National de Développement de l’Entrepreneuriat Féminin (PANDEF).Toutes ces actions en faveur de la femme en général et de la promotion de l’entrepreneuriat féminin en particulier ont pour postulat l’opérationnalisation du Document de Politique Nationale Genre.
Afin de régler les déséquilibres hommes-femmes dans l’éducation et la formation, des mesures discriminatoires positives sont mises en œuvre, à l’instar de :
– l’allocation des bourses et primes d’encouragement aux filles des filières scientifiques et techniques ;
– l’octroi des prix aux meilleures élèves filles pour la poursuite de leurs études ; la sensibilisation des communautés sur la non discrimination de la scolarisation de la jeune fille ;
– la multiplication des établissements d’enseignement technique et professionnel ;
– La création de Centres de Technologies Appropriées (CTA) ;
– la création des Centres de Promotion de la Femme dont 94 sont à ce jour, opérationnels.
Ces centres ont pour mission :
- l’information et l’orientation des femmes ;
- l’appui conseil aux femmes désireuses de créer leurs entreprises ou porteuses de projets ;
- le perfectionnement et la formation des femmes confrontées aux problèmes d’insertion socioprofessionnelle.
- Les actions menées dans ce cadre visent essentiellement à développer les connaissances et les aptitudes des femmes en matière de création et de gestion d’entreprises individuelles ou collectives.
- Ce qui se traduit par l’organisation à leur intention de sessions de formation en montage des projets, gestion d’activités génératrices de revenus, techniques de transformation et de conservation des produits agropastoraux.
Comme autres actions, on peut citer :
- l’accompagnement des associations féminines dans leur regroupement en réseaux ;
- l’organisation des séminaires de formation des associations féminines au montage et à la gestion de projets de développement communautaire ;
- l’appui à la création des coopératives féminines ;
- le développement des capacités des femmes évoluant dans le secteur informel à travers des séminaires de formation et d’information ;
- l’intensification par le Fonds National de l’Emploi des actions de promotion à l’auto-emploi et le soutien aux activités économiques des femmes ;
- l’organisation des voyages d’échanges d’expériences et d’affaires.
- Plusieurs autres projets et programmes ont été mis en place pour la promotion économique de la femme avec l’appui de la coopération bi et multilatérale et des organisations féminines internationales à l’instar de l’Association des Femmes Chefs d’Entreprises (FCEM) ou du Forum Entrepreneuriat Féminin (FEF) Cameroun – Sénégal.
- Autres actions de soutien aux efforts de lutte contre la féminisation de la pauvreté
- Le Gouvernement camerounais a créé un cadre favorable à l’émergence des Etablissements de micro-finance qui constituent les canaux les mieux appropriés pour les femmes, parce que répondant adéquatement à leurs besoins.
- Ce cadre est illustré par la déclaration de la Politique Nationale de Micro finance qui a été adoptée par le Gouvernement le 10 avril 2001.
- l’entrepreneuriat féminin a été identifié comme un des moyens clés de réduction de la pauvreté dans le monde, et plus particulièrement en Afrique.
- En effet, pour les femmes exerçant dans le secteur tant formel qu’informel, en zone rurale qu’urbaine, la création et le développement des entreprises est une manière efficace de réaliser leur autonomie.
- Elles sont les actrices principales de leur propre développement, en vue de l’amélioration de leurs conditions de vie. Elles contribuent ainsi à la réduction des inégalités de genre et à la lutte contre la pauvreté.
Emploi décent pour la femme
Selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), le travail est un levier important du développement socioéconomique d’une nation. Il constitue de ce fait un instrument essentiel de mesure du bien-être économique des individus, de leurs familles et leurs communautés. Cette fonction sociale du travail ne peut être assurée que si celui-ci est décent. La notion de travail décent renvoie à toutes les aspirations de tout travailleur d’exercer un travail productif et convenablement rémunéré, assorti de conditions de sécurité sur le lieu de travail et d’une protection sociale pour sa famille.
Le travail décent confère aux travailleurs la possibilité de s’épanouir et de s’insérer dans la société, ainsi que la liberté d’exprimer leurs préoccupations, de se syndiquer et de prendre part aux décisions qui auront des conséquences sur leur existence. Il suppose une égalité de chances et de traitement pour les femmes et les hommes. Ce concept a été formulé par les gouvernements, les organisations de travailleurs et d’employeurs comme le moyen le plus efficace permettant d’identifier les priorités majeures de chaque structure. Il est fondé sur l’idée que le travail est source de dignité personnelle, de stabilité familiale, de paix dans la communauté et de démocratie.
Au niveau international, la problématique du travail décent est arrivée un consensus selon lequel la pauvreté doit être réduite à travers l’instauration un développement équitable, solidaire et durable. Il a pour objectif d’une part d’apporter un changement positif dans la vie de chacun aux niveaux national et local et d’autre part de promouvoir le plein emploi librement choisi. Cette orientation s’appuie sur l’Agenda pour le travail décent proposé par l’OIT articulé autour de 4 axes.
- Créer des emplois
- Garantir les droits au travail
- Etendre la protection sociale
- Promouvoir le dialogue social
Insertion socio-professionnelle
Par définition, l’insertion Professionnelle désigne tout processus permettant l’intégration d’une personne au sein du système socio-économique par l’appropriation des normes et règles de ce système. L’approche du BIT complète cette conceptualisation en ressortant les aspects liés à l’éducation, à la formation, à l’employabilité et au marché du travail. Ces éléments constituant les préalables qui peuvent favoriser l’intégration des individus dans le monde du travail. Sous cet angle, l’insertion professionnelle apparaît donc comme un champ d’intervention social complexe qui englobe les politiques publiques de promotion de l’emploi et les initiatives des Organisations de la Société Civile (OSC) qui concourent à faciliter l’accès des plus vulnérables au monde du travail. Elle s’apparente plus comme un objectif qu’un résultat dans les politiques publiques. Pour le MINPROFF, les missions d’insertion professionnelle pour ses cibles vise au delà des autres projets et programmes gouvernementaux qui y concourent à :
- l’élaboration de la proposition, de la mise en œuvre et suivi des programmes d’insertion et de réinsertion professionnelle de la femme et de la jeune fille ;
- l’identification des mesures facilitant l’insertion et la réinsertion professionnelle ;
- suivi des activités des organismes d’insertion et de réinsertion professionnelle de la femme ;
- suivi et de l’évaluation de la prise en compte des femmes dans les différents programmes d’insertion et de réinsertion.